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Assistanat, impôts, incivilités : la France des « honnêtes gens » à bout

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Photo: Crédit photo PHILIPPE HUGUEN/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Face à une fiscalité jugée écrasante, à l’assistanat et à la montée des incivilités, une majorité de Français exprime un profond ras-le-bol. Entre sentiment d’injustice et perte de repères, la “France des honnêtes gens” se sent abandonnée par un système qu’elle estime désormais défavorable à ceux qui respectent les règles.
Ils travaillent, paient leurs impôts et respectent la loi, mais se sentent trahis par un système qui ne récompense plus l’effort. Selon un sondage Elabe pour BFMTV publié en septembre, 81 % des Français jugent que leurs impôts sont mal utilisés par les pouvoirs publics. Un tel niveau n’avait encore jamais été atteint.

 Les “dindons de la farce”

D’après cette enquête, 69 % des sondés affirment contribuer davantage qu’ils ne bénéficient des aides publiques. Près d’un Français sur deux (49 %) estime même que tous les ménages devraient payer l’impôt sur le revenu, au nom de l’équité. Selon une enquête Ifop menée pour Contribuables associés au début de l’année, près de huit Français sur dix (76 %) considèrent que l’assistanat est trop présent dans le pays, tandis que près d’un sur deux (46 %) estime que le montant global des aides sociales est excessif. Ces chiffres traduisent un profond sentiment d’injustice et de frustration envers le modèle social français.
Beaucoup ont désormais le sentiment d’être les “dindons de la farce”, travaillant pour financer un système qui profite à d’autres, indique le politologue Jérôme Fourquet dans les colonnes du Figaro.
“Ce sentiment est d’autant plus décuplé que la pression fiscale augmente. Certains se focalisent sur les profiteurs d’en haut – les grandes fortunes dont les avocats connaissent tous les secrets pour réduire leur ardoise fiscale –, d’autres sur les profiteurs d’en bas, qui vivent des revenus de l’assistance”, analyse encore le politologue.

“Le moindre effort les insupporte”

Des situations concrètes illustrent ce malaise. Pierre, trentenaire en Seine-et-Marne, se retrouve confronté à une situation difficile avec une locataire qu’il ne parvient pas à déloger, illustrent nos confrères. Et il n’ose pas couper l’eau ou l’électricité, soulignant : “Car si je les coupais, elle pourrait porter plainte contre moi !” Cet agent administratif, arrivé légalement en France en 2017, explique avoir voulu investir pour construire quelque chose, avant de se sentir “complètement dégoûté” par une situation qui semble sans issue.
Dans le nord du pays, Jacqueline, bénévole depuis dix ans dans une association caritative, décrit la lassitude de ceux qui aident : “Le moindre effort les insupporte”, raconte-t-elle, après avoir vu des bénéficiaires refuser de participer à la préparation de colis alimentaires. À Drancy, le Dr Mohamed Oulmekki, agressé par un patient qu’il suivait depuis l’enfance, confie : “Moi, je vais avoir des séquelles à vie, et lui, il a pris trois semaines de travaux d’intérêt général. Où est la justice ?”

« Notre système protège les malhonnêtes contre les honnêtes gens »

« Notre système protège les malhonnêtes contre les honnêtes gens », pointe auprès du Figaro Olivier Babeau, président de l’Institut Sapiens. « On punit celui qui joue le jeu, et on couvre ceux qui trichent. Un pays qui oublie ses citoyens pour choyer les fraudeurs, au nom d’une culture de l’excuse faisant du malhonnête une victime systémique, et de l’honnête citoyen un malandrin qui se cache, ça ne peut que mal finir », ajoute-t-il.
Le politologue Jérôme Fourquet confirme lui aussi ce constat. Selon lui, la confiance “se fonde sur l’idée que l’organisation de notre société est basée sur des principes de morale élémentaire : celui qui est honnête sera défendu par la loi, celui qui travaille gagnera plus que celui qui est oisif”. Un système qui ne fonctionne plus comme cela aujourd’hui. “Cette grammaire morale paraît s’être inversée dans les champs du droit comme de la fiscalité”, souligne-t-il.
Cette fracture dépasse la seule question fiscale. Benoît Perrin, directeur de Contribuables associés, observe une colère désormais enracinée. “La très grande générosité de l’État et des Français est désormais tellement ancrée dans les esprits de certains qu’elle devient un dû et non un émerveillement”, regrette-t-il.