« C’est la voix de tous les artisans qui résonne » : les bourdons de Notre-Dame de Paris sonnent à nouveau

La cathédrale Notre-Dame de Paris.
Photo: Crédit photo DIMITAR DILKOFF/AFP via Getty Images
En décembre dernier, soit cinq ans après l’incendie, la cathédrale de Notre-Dame de Paris a pu rouvrir ses portes. Le chantier n’était cependant pas terminé. Il s’est poursuivi la semaine dernière avec le grand retour d’Emmanuel et de Marie.
Ce jeudi 17 juillet, aux environs de 19 heures, les bourdons Emmanuel et Marie se sont élevés dans un son puissant et majestueux. Pesant respectivement 13 et 6 tonnes, ces deux cloches sont les plus imposantes de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Les deux bourdons ne sonnent qu’en de rares occasions
Bien que la tour sud n’ait pas été touchée par l’incendie qui a ravagé une grande partie de la cathédrale les 15 et 16 avril 2019, elle nécessitait plusieurs travaux, notamment la restauration du beffroi et le remplacement des jougs, qui permettent de mettre les cloches en mouvement.
Les restaurateurs de la cathédrale ont achevé cette tâche la semaine dernière et pour célébrer ce moment, les deux bourdons se sont mis à sonner ensemble, ce 17 juillet, relate Europe 1. Les touristes présents sur le parvis de l’édifice religieux ont donc assisté, sans forcément en avoir conscience, à un moment exceptionnel puisque les deux bourdons ne sonnent qu’en de rares occasions, pour des raisons de conservation.
En effet, comme le précisent Le Parisien et Aleteia, Emmanuel est installé dans la tour depuis 1686 et retentit notamment à Pâques, à Noël, à la Pentecôte ou à l’Ascension. Elle est la deuxième plus grosse cloche de France. Marie, ajoutée en 2013 pour le 850e anniversaire de la cathédrale, sonne notamment lors de l’Immaculée Conception, de la messe chrismale ou des ordinations.
Outre les grandes fêtes chrétiennes, les deux bourdons peuvent également résonner lors d’événements civils importants. C’est ainsi qu’ils ont été entendus à la fin des deux guerres mondiales, lors de la chute du mur de Berlin, mais aussi à l’occasion du décès d’un pape ou lors d’un glas national. Le 7 décembre dernier, date de la réouverture des lieux au public, les deux cloches avaient émis quelques sons de courte durée.
« Un bel aboutissement »
Fabriqués en Alsace par des artisans de la fonderie Voegele, les jougs ont été acheminés jusqu’à Paris. Il s’agit de trois imposantes pièces de bois massif mesurant plus de trois mètres de long, précise encore Le Parisien, ajoutant qu’elles ont été soigneusement sélectionnées et assemblées pour pouvoir supporter le poids des deux bourdons.
Les campanistes – mot est dérivé du latin campana (cloche) – sont les artisans spécialisés dans la conception, l’installation, le fonctionnement et l’entretien des cloches. Outre la fabrication, ceux-ci ont remis en place l’ensemble des dispositifs nécessaires, tels que les brides, les moteurs et les roues qui permettent la mise en volée, précise Europe 1.
Alexandre Gougeon, artisan originaire de Touraine, compte parmi les rares campanistes français ayant œuvré sur ce titanesque chantier. « C’est quand même très émouvant. C’est vraiment un chantier d’une carrière et un bel aboutissement. C’est aussi une belle fierté d’avoir travaillé à Notre-Dame, clairement », a-t-il confié à la radio.
Après avoir salué leur « talent », Philippe Jost, le président de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame, a quant à lui déclaré auprès du quotidien francilien : « C’est la voix de tous les artisans qui résonne. »

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