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Fiscalité

Cigarette électronique : comment la taxe envisagée par le gouvernement va peser sur le budget des vapoteurs ?

À partir du printemps 2026, les Français qui vapotent pourraient voir le prix de leurs recharges pour cigarette électronique augmenter. Cette mesure, annoncée mi-octobre par le Premier ministre Sébastien Lecornu, déclenche une levée de boucliers chez les consommateurs et les professionnels du secteur, qui dénoncent un coup porté au sevrage tabagique et à l’économie locale. 

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Photo: Crédit photo Dan Kitwood/Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Le gouvernement français envisage d’alourdir la fiscalité des e-liquides, jusqu’ici soumis uniquement à une TVA de 20 %. Selon Sébastien Lecornu, cette taxe devrait générer un surcoût de 30 à 50 centimes pour une fiole de 10 millilitres, en fonction du taux de nicotine du produit, rapporte RMC. L’objectif affiché : augmenter les recettes de l’État, tout en inscrivant cette mesure dans le cadre du projet de budget pour 2026. 

« Ça devient de plus en plus difficile, car on est taxés partout »

Ce n’est pas la première tentative de taxation du vapotage. L’an dernier, un amendement sur le budget 2025 proposait une taxe plus élevée, à raison de 15 centimes par millilitre, ce qui aurait représenté 1,5 euro supplémentaire pour un flacon de 10 ml de e-liquide, nicotiné ou non nicotiné. Mais, cette initiative avait été censurée par le gouvernement précédent.  
Même si la proposition de Sébastien Lecornu est plus modérée, la perspective de cette taxation ne fait pas l’unanimité. À Dijon, une utilisatrice régulière de la cigarette électronique témoigne au micro de France 3 Bourgogne-Franche-Comté : « Ça devient de plus en plus difficile, car on est taxés partout ».  
Pour cette ancienne fumeuse qui a réduit sa consommation de tabac grâce à la vape, la taxe représenterait près de neuf euros supplémentaires par mois. « C’est injuste pour ceux qui vapotent dans l’objectif d’arrêter de fumer », estime-t-elle. Eugénie, passée à la vape après dix ans de tabac, qualifie quant à elle la mesure de « non-sens » et « d’hypocrisie » auprès de 20 Minutes. 

« Le gouvernement se trompe de cible » 

Pour les buralistes, la vente de liquides pour e-cigarettes représente en moyenne 10 à 15 % de leur chiffre d’affaires, selon la Fédération départementale des buralistes, et peut atteindre jusqu’à 50 % pour certains établissements. La nouvelle taxe pourrait donc avoir un impact significatif et certains professionnels du secteur craignent non seulement une baisse du chiffre d’affaires, mais aussi des suppressions d’emplois. 
Valentin Ollivier, président de la Fédération départementale des buralistes de Côte-d’Or, souligne auprès de France 3 : « On nous demande de délaisser le tabac pour se fixer sur des produits annexes qui sont au fur et à mesure de plus en plus taxés. C’est inquiétant. »  
Même parmi les tabacologues, la mesure est contestée. Le psychiatre, addictologue et tabacologue Christophe Cutarella estime qu’une telle taxe « irait à l’encontre de la lutte contre le tabac » et que « le gouvernement se trompe de cible », relate 20 Minutes. « Dans la dépendance au tabac, il n’y a pas que l’addiction physique, il y a aussi l’aspect psychique, comportemental. Bien entendu, la vape n’est pas le sevrage ou l’abstinence. Mais, c’est une vraie réduction du risque, une des clés dans l’arrêt du tabac, on le voit bien aujourd’hui, en France comme un peu partout dans le monde », assure-t-il encore. Bernard Antoine, lui, rappelle que le prix peut avoir un effet pédagogique mais qu’il ne suffit pas à soutenir le sevrage psychologique. 
La Commission européenne, quant à elle, propose d’ici 2028 une taxation encore plus élevée, de 1,20 à 3,60 euros par fiole, précise France 3.