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Des responsables chrétiens américains saluent la mise en lumière par Donald Trump des persécutions au Nigeria

Le président américain rétablit le statut de « pays particulièrement préoccupant » de cette nation africaine, suggérant ainsi une pression accrue pour protéger les chrétiens dans les régions musulmanes.

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Les cercueils de 38 villageois chrétiens tués par des terroristes peuls musulmans sont alignés pour une messe funéraire à environ trois kilomètres de Madamai, au Nigeria, le 30 septembre 2021.

Photo: Luka Binniyat/Epoch Times

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Durée de lecture: 8 Min.

Des organisations chrétiennes à travers les États‑Unis ont salué la décision du 31 octobre du président Donald Trump de désigner à nouveau le Nigeria comme « Country of Particular Concern » (CPC : Pays particulièrement préoccupant), au regard de la recrudescence des attaques visant les chrétiens dans le pays le plus peuplé d’Afrique.
Cette mesure rétablit le Nigeria au rang le plus élevé des pays contrevenant à la liberté religieuse selon le gouvernement américain, un statut que le pays avait détenu pour la dernière fois fin 2020. M. Trump avait initialement acté ce classement cette année‑là, après des années de persécutions violentes menées par des groupes terroristes islamistes tels que Boko Haram et la branche État islamique–Afrique de l’Ouest.
« C’est très encourageant à voir », a écrit Tony Perkins, ancien président de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF), sur les réseaux sociaux.
« Durant mon mandat à la tête de l’USCIRF, sous la première administration Trump, nous avions obtenu cette désignation CPC pour le Nigeria en raison de son bilan accablant de tolérance à la persécution religieuse. La nouvelle administration Biden a immédiatement annulé la décision. Les élections ont des conséquences de vie ou de mort. »
-M. Perkins préside le Family Research Council à Washington tout en restant actif sur les questions de liberté religieuse à l’échelle mondiale.
La présidente de la Commission, Vicky Hartzler, a déclaré : « Nous applaudissons @POTUS pour avoir classé le Nigeria CPC au vu de ses violations flagrantes de la [liberté de religion ou de conviction]. L’administration Trump peut désormais recourir aux différents leviers présidentiels prévus par [l’International Religious Freedom Act (Loi sur la liberté religieuse internationale)] pour inciter le Nigeria à protéger ses citoyens et à traduire les auteurs en justice. »
Une désignation CPC autorise le gouvernement américain à imposer ou brandir des sanctions, à suspendre la coopération sécuritaire ou à restreindre l’aide économique jusqu’à ce que le pays en cause améliore son bilan. Pour le Nigeria, grand exportateur de pétrole et première économie d’Afrique, ce classement pourrait dissuader l’investissement et compliquer des programmes bilatéraux de défense visant à contrer le terrorisme dans la région du Sahel.
Les organisations chrétiennes qui avaient exhorté la Maison‑Blanche à agir — dont Voice of the Martyrs et International Christian Concern (ICC : Voix des martyrs et International Christian Concern) — ont exprimé leur gratitude, tout en avertissant que la crise des persécutions restait aiguë. Une ONG nigériane de défense des libertés civiles estime que plus de 50.000 chrétiens ont été tués depuis 2009.
« Je suis reconnaissant que le gouvernement américain reconnaisse désormais la grande souffrance de nos frères et sœurs chrétiens dans le nord du Nigeria », a déclaré Todd Nettleton, vice‑président chargé du message chez Voice of the Martyrs.
« Espérons que cette désignation conduira à une meilleure protection des chrétiens au Nigeria. Si le sud du pays le plus prospère d’Afrique est généralement sûr pour les croyants en Jésus, le nord offre un tableau bien différent. Nos équipes et contacts nous rapportent régulièrement la sévérité des persécutions visant les fidèles. Les pasteurs et responsables d’Église sont particulièrement pris pour cible. »
Selon l’ICC, qui a coordonné une lettre multi‑organisations début octobre pour exhorter M. Trump à rétablir le statut CPC, l’annonce constitue « une étape significative pour mobiliser la communauté internationale face aux atrocités qui ont dévasté tant de familles et de communautés au Nigeria ».
La lettre cite les massacres de villageois chrétiens dans les États du Plateau et du Bénué, ainsi que les enlèvements récurrents de prêtres et de séminaristes, comme preuves de violations « flagrantes, systématiques et continues » imputables à la fois aux groupes extrémistes et à certains responsables locaux.
Des organisations de secours en première ligne estiment que cette nouvelle désignation confirme ce qu’elles observent depuis longtemps.
Judd Saul, directeur exécutif d’Equipping the Persecuted (Équiper les persécutés), décrit une situation qui se dégrade et des perspectives sombres pour les communautés chrétiennes des États du centre et du nord.
« Nous constatons une intensification des attaques sur le terrain », a‑t‑il déclaré à Epoch Times lors d’un entretien téléphonique. « Nous voyons une mobilisation accrue des milices ethniques peules dans des zones où elles n’étaient jamais présentes auparavant, et nous pensons que les attaques vont devenir exponentiellement plus graves, surtout à l’approche de Noël. »
Il ajoute que les terroristes frappent souvent « lors des fêtes chrétiennes… quand ils aiment sombrer dans la folie ».
M. Saul indique que des communautés entières en périphérie de Kaduna, de Jos (État du Plateau) et de Makurdi (État du Bénué) sont « décimées » par des milices itinérantes. Il estime qu’au moins 100.000 chrétiens de ces régions sont en danger immédiat.
« Depuis dix ans, on observe une hausse drastique des attaques », poursuit‑il, invoquant la « couverture politique » dont auraient bénéficié les assaillants durant trois présidences consécutives tenues par des musulmans, dont celle de l’ancien chef d’État Muhammadu Buhari, lui‑même d’ethnie peule. Les Peuls constituent un groupe ethnique majoritairement musulman.
Il appelle Washington à imposer des sanctions et un levier financier contre les dirigeants nigérians qui tolèrent ou ignorent les atrocités. « Nous pouvons commencer à sanctionner des responsables politiques, des chefs terroristes, et commencer à sanctionner le Nigeria. Nous les pressons jusqu’à ce qu’ils se conforment. »
Equipping the Persecuted opère avec environ 150 employés nigérians dans la Middle Belt du pays, distribuant nourriture, médicaments et fournitures d’urgence aux survivants.
« Nous ne pouvons pas fournir d’armes », précise M. Saul, « mais nous pouvons apporter des formations, des radios, et des gilets pare‑balles d’origine locale pour les aider à se défendre, eux et leurs villages ».
Le président Joe Biden a retiré le Nigeria de la liste CPC le 17 novembre 2021, invoquant, selon le département d’État, « des mesures prises par les autorités nigérianes et des responsables de la société civile pour favoriser le dialogue interconfessionnel et la réconciliation ».
Cette radiation a suscité des critiques bipartites de la part d’observateurs des droits humains et d’organisations religieuses, qui soutiennent que la violence contre les chrétiens s’est aggravée.
Mark A. Kellner est journaliste indépendant. Il a couvert les élections de 2024 dans le Nevada pour le New York Post et était auparavant journaliste spécialisé dans les questions religieuses et familiales pour le Washington Times.

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