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Flottille pour Gaza : la participation d’un activiste LGBTQ entraîne le retrait de plusieurs militants pro-palestiniens

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Une flottille à destination de Gaza, transportant de l'aide humanitaire et des militants pro-palestiniens, a pris la mer le 15 septembre depuis la Tunisie, dans le but de briser le blocus israélien et d'acheminer de l'aide vers les territoires palestiniens.

Photo: Crédit photo by MAHMUD TURKIA/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

La flottille internationale en route pour Gaza, destinée à briser le blocus israélien, a fait escale en Tunisie sous les feux des médias et des réseaux sociaux. Mais la présence d’activistes LGBTQ au sein de l’équipage a engendré des tensions, fragilisant l’unité du mouvement. Plusieurs militants pro-palestiniens se sont même retirés.
Depuis le 1ᵉʳ septembre, la Global Sumud Flotilla – expédition humanitaire qui rassemble quarante-quatre délégations internationales et plus de cinquante navires – met le cap sur Gaza. Composée de bateaux venus de France, d’Espagne et de plusieurs pays maghrébins, cette mobilisation de solidarité avec le peuple palestinien, qui vise à rompre le blocus israélien, est déjà marquée par des désaccords inédits parmi ses participants, comme le relate Le Courrier de l’Atlas.
« On nous a menti au sujet de l’identité de certains participants »
Ces divergences surviennent alors que la flottille constitue un événement rare de mobilisation internationale en Tunisie, rassemblant militants des droits de l’Homme, personnalités politiques et journalistes venus soutenir la cause palestinienne. Elle était censée incarner un front uni contre le blocus et dénoncer la situation humanitaire à Gaza. Cependant, la division autour des orientations sexuelles des participants révèle les difficultés à concilier engagement politique et questions socioculturelles dans un contexte sensible.
Le 15 septembre, lors de la seconde escale tunisienne à Bizerte, Khaled Boujemâa, coordinateur de la flottille, a annoncé son retrait. La cause des tensions a finalement été percée à jour : la participation d’activistes LGBTQ au sein de l’équipage. « On nous a menti au sujet de l’identité de certains participants à l’avant-garde de la flottille, j’accuse les organisateurs de nous avoir caché cet aspect », a dénoncé Khaled Boujemâa dans deux vidéos diffusées en direct sur les réseaux sociaux. Figure visée par ces critiques, Saif Ayadi. Se définissant comme « activiste queer », il avait pris place à bord de la première embarcation partie du port de Sidi Bou Saïd vers Gaza.
« Être activiste « queer », c’est toucher aux valeurs de la société »
Cette controverse a entraîné d’autres prises de distance, notamment de la part de Mariem Meftah, militante pro-palestinienne de premier plan. Dans des propos rapportés par nos confrères, elle a déclaré : « Les orientations sexuelles de chacun sont une affaire privée […]. Mais être activiste « queer », c’est toucher aux valeurs de la société et emprunter un chemin qui risque de placer mes enfants et mes proches dans une situation que nous rejetons. Je refuse que l’on propose à mon fils, à l’école, de changer de sexe… »
Elle a ensuite appelé à réparer la situation, estimant que le choix des organisateurs avait mis certains participants dans « un mauvais pas » : « Je ne pardonnerai pas à ceux qui nous ont mis dans ce mauvais pas ; il faudra qu’on en parle parce que certains aiment franchir une ligne rouge ou l’ont déjà franchie. J’appelle tout le monde à sauver la situation et à réparer l’erreur faite envers les personnes qui ont donné leur sang pour que cette flottille voie le jour. »
« Des activistes suspects qui servent d’autres agendas »
De son côté, Samir Elwafi – présentateur de la chaîne de télévision tunisienne El Hiwar Ettounsi – a publiquement pris position et dénoncé la présence d’activistes LGBTQ à bord de la flottille humanitaire en route pour Gaza. Indiquant que « la Palestine est d’abord la cause des musulmans », il a précisé qu’on ne pouvait pas la « dissocier de sa dimension spirituelle et religieuse ». « Alors pourquoi y mêlez-vous des activistes suspects qui servent d’autres agendas qui ne nous regardent pas et n’ont rien à voir avec Gaza, comme le LGBTisme ?! » s’est-il demandé. Et d’interroger : « Que peut-on attendre d’un Arabe musulman qui voit et entend les slogans du mouvement « queer » dans une flottille au nom de sa cause la plus sacrée et qui est ainsi profanée ?! »
Le lendemain, selon Boulevard Voltaire, Samir Elwafi a précisé qu’il n’était pas opposé à la flottille en tant qu’idée, mais à « l’utilisation » de cette cause « pour mettre en avant une association qui défend les homosexuels, qui participe à la flottille pour légitimer son activité et gagner une notoriété gratuite ». Selon lui, cette instrumentalisation « divise les gens » et « normalise des agendas homosexuels ».
Greta Thunberg s’est retirée du conseil d’administration de la Flottille
Outre les départs de Khaled Boujemâa et de Mariem Meftah, la figure écologiste internationale Greta Thunberg a quant à elle quitté le conseil d’administration de la Flottille Global Sumud. Selon le journal italien Il Manifesto, ce départ serait lié à des désaccords internes sur la communication, jugée trop centrée sur les dynamiques internes de la flottille et pas assez sur la guerre en Palestine. L’activiste reste néanmoins impliquée, ayant rejoint le navire Alma aux côtés d’autres militants.

Si la flottille continue son trajet maritime vers Gaza, ces tensions mettent en lumière les fragilités d’une mobilisation humanitaire ambitieuse mais hétérogène, où convergent des participants de sensibilités très diverses. L’enjeu reste désormais de maintenir l’unité autour de la cause palestinienne tout en gérant les clivages sociaux et idéologiques internes.