La chute des anges rebelles

Le poème épique de John Milton "Le Paradis perdu" nous montre le contraste évident entre l'orgueil de Satan et la justice de Dieu. Détail de "Him the Almighty Power, Hurled headlong flaming from the ethereal sky (I. 44, 45)", extrait du "Paradis perdu" écrit en 1866 par John Milton, illustré ici par Gustave Doré. Gravure.
Photo: Domaine public
John Milton commence son poème tragique « Paradis perdu » en nous parlant d’une grande guerre dans le ciel. Voulant régner sur le ciel, Satan a rassemblé un groupe d’anges rebelles pour s’opposer à Dieu. Ainsi, l’orgueil de Satan a déclenché une guerre divine. Bien entendu, Satan et les anges qui se sont rangés de son côté ont perdu la guerre et ont été chassés du paradis.
John Milton décrit l’événement comme suit :
« Son orgueil l’avait précipité du ciel
Avec son armée d’anges rebelles, par le secours desquels,
Aspirant à monter en gloire au-dessus de ses pairs
Il se flatta d’égaler le Très-Haut, si le Très-Haut s’opposait à lui.
Plein de cet ambitieux projet contre le trône et la monarchie de Dieu,
Il alluma au ciel une guerre impie et un combat téméraire, dans une attente vaine.
Le souverain pouvoir le jeta flamboyant, la tête en bas, de la voûte éthérée ;
Ruine hideuse et brûlante : il tomba dans le gouffre sans fond de la perdition,
Pour y rester chargé de chaînes de diamant, dans le feu qui punit :
Il avait osé défier aux armes le Tout-Puissant ! »
(Livre 1, lignes 36-48).
(Traduction de Chateaubriand, 1861)
Avec son armée d’anges rebelles, par le secours desquels,
Aspirant à monter en gloire au-dessus de ses pairs
Il se flatta d’égaler le Très-Haut, si le Très-Haut s’opposait à lui.
Plein de cet ambitieux projet contre le trône et la monarchie de Dieu,
Il alluma au ciel une guerre impie et un combat téméraire, dans une attente vaine.
Le souverain pouvoir le jeta flamboyant, la tête en bas, de la voûte éthérée ;
Ruine hideuse et brûlante : il tomba dans le gouffre sans fond de la perdition,
Pour y rester chargé de chaînes de diamant, dans le feu qui punit :
Il avait osé défier aux armes le Tout-Puissant ! »
(Livre 1, lignes 36-48).
(Traduction de Chateaubriand, 1861)
Le Paradis perdu
Dans sa première illustration du « Paradis perdu », Gustave Doré donne sa vision du passage de John Milton. La composition est divisée en deux sections. La section supérieure représente les anges qui se battent pour Dieu. Ils sont représentés avec moins de contraste et une lumière brillante les éclaire par derrière.

La lumière sépare les nuages et éclate dans l’obscurité de la partie inférieure de la composition. Certains des rayons lumineux ressemblent à des éclairs, comme s’ils frappaient les anges rebelles en train de tomber.
Les anges rebelles tombent du ciel, les mains agitées et le dos voûté, se tordant de douleur. Certains d’entre eux tentent de se protéger de la lumière, mais ils deviennent des silhouettes noires en tombant vers le bas de la composition.
Nous pouvons supposer que le plus grand des anges rebelles qui tombe, directement au milieu de la composition, est Satan lui-même. Il tient une lance d’une main et porte l’autre main à sa tête en signe d’angoisse. Le fait que Satan soit la figure la plus grande, qu’elle présente le plus de contraste et qu’elle soit au centre de la composition nous permet de savoir qu’il est le point central. Satan n’est pas seulement le point central de la composition de G. Doré, il est aussi le point central de la tragédie de Milton.
Un récit édifiant
Milton a dit qu’il avait écrit « Le Paradis perdu » pour « justifier les voies de Dieu aux hommes » (Livre 1, ligne 26). Pour atteindre son objectif, il a adopté l’approche inhabituelle de faire de Satan son personnage principal, et Gustave Doré a fait de même dans ses illustrations. Pourquoi faire de Satan le personnage principal si l’objectif est de justifier les voies de Dieu aux hommes, à moins que la tragédie de Milton ne soit un conte avertisseur.
Si c’est le cas, contre quoi sommes-nous mis en garde ?

Cette guerre n’est pas seulement une guerre qui s’est déroulée au ciel, mais c’est aussi une guerre qui se déroule tous les jours en nous. Cette bataille quotidienne – entre la lumière et les ténèbres, la droiture et l’orgueil – est ancrée dans l’expérience humaine.
Chaque jour, nous devons choisir entre ce que Dieu veut de nous et ce que nous voudrions faire au nom de notre orgueil. À l’instar de ces anges justes dans le ciel qui suivent la lumière de Dieu, nous devons, en nous-mêmes, rejeter dans les ténèbres ce qui résiste au divin.
Gustave Doré était un illustrateur prolifique au XIXe siècle. Il a illustré certains des plus grands classiques de la littérature occidentale, notamment la Bible, « Le Paradis perdu » et « La Divine comédie ». Dans cette série, nous allons nous plonger dans les pensées qui ont inspiré G. Doré et les images que ces pensées ont suscitées.
Eric Bess pratique l’art figuratif et est actuellement en doctorat à l’Institute for Doctoral Studies in the Visual Arts (IDSVA).
Eric Bess est peintre (art figuratif) et doctorant à l’Institute for Doctoral Studies in the Visual Arts (IDSVA), dans le Maine.
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01 juin 2023
Le Paradis perdu ?









