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« Les commerçants sont lassés » : la hausse des vols les pousse à afficher les photos des voleurs

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Photo: Crédit photo NICOLAS GUYONNET/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Face à la recrudescence des vols à l’étalage, de plus en plus de commerçants choisissent de diffuser la photo des voleurs prise par leurs caméras de surveillance. Cependant, cette pratique reste interdite.
Selon RMC Conso, depuis deux ans, de plus en plus de commerçants publient sur les réseaux sociaux ou affichent directement en magasin les images de voleurs filmés par leurs caméras. Un collectif, fondé en 2023 par Jérôme Jean et intitulé « Ras le vol », a même vu le jour.
Une mesure efficace « 8 à 9 fois sur 10 »
Les données du ministère de l’Intérieur révèlent une hausse des vols à l’étalage de 25 % en zone police, avec 29.768 faits recensés en 2023 contre 37.143 en 2024. Face à cette augmentation, « les commerçants sont lassés », explique à RMC Conso Jérôme Jean. C’est ce qui a poussé certains à afficher les photos des auteurs de ces vols.

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Autour de son collectif, qui compte 15.000 abonnés, cet ancien commerçant, lui-même victime de vols, a souhaité s’engager en rassemblant ses confrères pour mieux évaluer l’ampleur du phénomène et ses conséquences.
« Selon une étude que nous avons menée récemment, 18 % des commerçants ont déjà affiché un voleur sur les réseaux sociaux, 16 % au sein de leur enseigne, ça se fait de plus en plus », indique-t-il, précisant que la mesure est efficace « 8 à 9 fois sur 10 ».
« Souriez, vous êtes fiché ! »
Le magasin Intermarché à Nantes a lui-même testé cette méthode en affichant une capture d’écran de sa caméra de surveillance. Elle montre quatre hommes, autrement dit les voleurs présumés. Un message accompagne le cliché : « Souriez, vous êtes fiché ! Une plainte contre vous est en cours. N’hésitez pas à nous laisser vos coordonnées afin de gagner du temps. »
D’après Jérôme Jean, l’affichage permet d’obtenir des informations pour identifier les auteurs, mais peut aussi inciter certains voleurs à restituer leur butin spontanément. Cependant, cette pratique reste totalement illégale, comme le précise l’article 226-1 du Code pénal, qui sanctionne d’un an d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende le fait de capter ou diffuser, sans consentement, l’image d’une personne dans un lieu privé.
De plus, ces images ne peuvent être utilisées que comme preuves dans le cadre d’un procès. Les diffuser autrement viole la présomption d’innocence, qui garantit que toute personne est considérée innocente tant qu’elle n’a pas été jugée coupable, même si le vol est filmé.
Une proposition de loi toujours en attente à l’Assemblée
Jérôme Jean déplore que certaines plaintes « n’aboutissent pas ». « La preuve, il y a une baisse du nombre de dépôts de plaintes parce que les commerçants pensent que ça ne sert à rien », assure-t-il, affirmant que seulement la moitié des commerçants porte plainte après un vol.
Romain Daubié, député centriste, propose depuis janvier 2024 une loi permettant aux commerçants d’afficher les images de voleurs issues de la vidéosurveillance, en créant une présomption de consentement pour les personnes entrant dans des lieux publics comme les magasins ou restaurants. Un an et demi plus tard, la proposition n’a toujours pas été examinée à l’Assemblée nationale. Le projet soulève de nombreuses questions, notamment sur le droit à l’image, la vie privée et le risque de justice privée, certains estimant qu’une telle loi pourrait être jugée anticonstitutionnelle.
Jérôme Jean, qui est très favorable à une autorisation d’affichage du visage des voleurs, conclut : « On n’encourage surtout pas les gens à intervenir, et c’est aussi pour cela qu’on veut un cadre légal pour cette permission d’affichage. »