Les États-Unis se hâtent pour mettre en place le Golden Dome alors que la Chine renforce son arsenal
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Les nouveaux missiles stratégiques nucléaires DF-5C couvrant la planète, présentés lors d’un défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen à Pékin le 3 septembre 2025.
À peine une semaine après que le Parti communiste chinois a exhibé sa dernière technologie de missile à longue portée lors d’un imposant défilé militaire à Pékin, les États-Unis ont franchi une nouvelle étape vers la construction de leur propre dispositif de riposte : le système de défense antimissile Golden Dome.
Le 11 septembre, l’Agence de défense antimissile a lancé un appel à candidatures auprès des industriels de l’armement pour la réalisation du système, avec une date limite fixée au 10 octobre. Lockheed Martin, Northrop Grumman, RTX et Boeing sont attendus parmi les participants.
Le futur système américain Golden Dome est conçu pour intercepter plus de 100 missiles émanant d’adversaires tels que la Chine, la Corée du Nord et la Russie, qui resserrent leurs liens dans une posture d’opposition à l’égard des États-Unis.
En janvier, le président américain Donald Trump a ordonné l’élaboration d’un plan de développement du dispositif, et a annoncé la sélection de son architecture en mai. Il a alors déclaré que le projet coûterait près de 175 milliards de dollars et devrait être opérationnel d’ici la fin de son mandat en 2029.
Inspiré de l’Iron Dome, le Golden Dome est un système antimissile multilayers proposé qui envisage d’intégrer capteurs et intercepteurs terrestres, navals et spatiaux pour détecter et neutraliser missiles balistiques, hypersoniques et de croisière avancés, idéalement en quelques minutes, durant la phase de lancement ou en vol.
Il s’apparente à des projets antérieurs de bouclier antimissile, comme l’Initiative de défense stratégique du président Ronald Reagan, surnommée Star Wars, proposée dès 1983 pour protéger les États-Unis contre les frappes nucléaires.
« Le Golden Dome, une fois déployé, doit être capable d’empêcher un adversaire de mener une attaque coercitive limitée en augmentant le coût d’une telle frappe », a déclaré à Epoch Times Robert Peters, expert en dissuasion nucléaire et défense antimissile à la Heritage Foundation.
« Autrement dit, le Golden Dome ne vise pas à empêcher 1000 missiles de survoler le pôle, mais devrait être capable de stopper 120 d’entre eux avant qu’ils n’atteignent leur cible, grâce à une constellation proliférante de capteurs et de lanceurs orbitaux, associés aux intercepteurs terrestres et aux intercepteurs à portée tactique existants. »
Ce système doit pouvoir éliminer des missiles lancés depuis diverses localités en Chine, en Corée du Nord et en Russie. Toutefois, prévient-il, « l’efficacité du dispositif sera essentiellement limitée par le nombre de missiles engagés, quel que soit l’assaillant ».
Parade militaire à Pékin
Donald Trump a récemment mis en avant le Golden Dome le 3 septembre, jour où le régime chinois présentait ses missiles balistiques, hypersoniques et de croisière ainsi que son matériel militaire à l’occasion d’un défilé à Pékin célébrant la fin de la Seconde Guerre mondiale.
« Tout le monde veut y participer », a affirmé Trump, évoquant la possible association du Canada au projet. « Nous allons construire un Golden Dome tel que le monde n’en a jamais vu. »
Trump a également déclaré sur Truth Social le même jour que Xi Jinping, Vladimir Poutine et Kim Jong Un, rassemblés lors de la parade, conspirent contre les États-Unis.
Un drone CS-5000T lors d’un défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, place Tiananmen à Pékin, le 3 septembre 2025. (Pedro Padro/AFP via Getty Images)
La veille du défilé, Xi et Poutine ont accentué leur rapprochement économique en signant un accord concernant le gazoduc « Power of Siberia 2 ». Selon le Kremlin, les relations entre Moscou et Pékin atteignent « un niveau sans précédent ». Xi a affirmé, d’après le ministère des Affaires étrangères chinois, que leurs liens avaient « résisté à l’épreuve des transformations mondiales ».
Le lendemain du défilé, Xi a reçu Kim à Pékin, promouvant le renforcement de leurs relations bilatérales. Xi a promis à Kim sa « volonté de défendre, consolider et développer les relations Chine–RPDC », selon le média nord-coréen KCNA. Kim a pour sa part assuré que Pyongyang « soutiendra invariablement la position et les efforts du Parti communiste chinois ».
La Corée du Nord et la Chine sont accusées de soutenir la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine. Pékin apporte son aide en fournissant des équipements à double usage et des minéraux essentiels à la fabrication d’armes, tandis que Pyongyang livre munitions et soldats à Moscou.
Les trois pays possèdent l’arme nucléaire et des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM : intercontinental ballistic missiles) capables d’atteindre le sol américain. La Russie aurait environ 330 ICBM ; la Chine, plus de 400 selon les estimations ; et la Corée du Nord, environ 10, chiffre amené, selon la Defense Intelligence Agency américaine dans son rapport publié en mai, à grimper à 50 d’ici dix ans.
Timothy Heath, chercheur principal en défense internationale au RAND Corp., a confié à Epoch Times : « Le Golden Dome pourrait aider à cibler et détruire les missiles balistiques entrant sur le territoire, y compris les nouveaux modèles présentés par Pékin lors du défilé. » … La Chine a dévoilé un nouvel ICBM mobile, le DF-61, capable de transporter plusieurs têtes nucléaires visant différentes cibles simultanément.
On sait peu de choses sur le DF-61, mais un rapport de la Federation of American Scientists l’ayant analysé souligne que sa présentation fut une « surprise », car la Chine continue d’exploiter le DF-41, aux caractéristiques « très similaires ». Le rapport suggère que le DF-61 serait « une version modifiée du DF-41 ».
Le DF-41 affiche une portée de 15.000 kilomètres et peut emporter une dizaine de têtes nucléaires, d’après une étude du Missile Defense Project du Center for Strategic and International Studies. Il peut donc aisément couvrir la distance de 11.200 kilomètres séparant Pékin du territoire américain.
Le DF-61 devrait présenter une capacité équivalente.
La Chine a aussi dévoilé le DF-5C, dont la portée est estimée à 20.000 kilomètres. Le rapport du Département américain de la Défense de 2024 sur la sécurité et l’armée chinoise indique que cet ICBM siloté à carburant liquide est capable d’acheminer des ogives nucléaires de plusieurs mégatonnes.
Le missile balistique intercontinental DF-61 lors du défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen à Pékin, le 3 septembre 2025. (Greg Baker /AFP via Getty Images)
Parmi les missiles de croisière présentés figurent le CJ-20A, le YJ-18C et le CJ-1000. Les deux premiers, de portée limitée, peuvent cibler les actifs américains en Asie-Pacifique.
Le missile de croisière hypersonique CJ-1000, avec une portée estimée à quelque 6000 kilomètres, pourrait atteindre le territoire américain s’il était tiré à partir d’une position stratégique.
Un expert cité par le Global Times, média public chinois, le 3 septembre, a évoqué, lors du défilé, les capacités du CJ-1000 à déjouer l’interception par les systèmes de défense antimissile existants.
M. Heath estime : « Les modèles hypersoniques sont plus difficiles à intercepter en raison de leur manœuvrabilité en vol, mais le Golden Dome pourrait aussi offrir une certaine protection contre ces armes. »
Le Golden Dome doit compléter les systèmes américains actuels, tels que la défense de mi-course au sol (GMD), Aegis, le système de défense terminale à haute altitude (THAAD) et Patriot.
Le GMD constitue le dispositif de défense du territoire, basé en Alaska et en Californie, pour se prémunir contre les missiles balistiques intercontinentaux. Aegis, THAAD et Patriot sont des systèmes régionaux capables d’intercepter des projectiles à haute ou basse altitude.
« Le Golden Dome intégrerait les systèmes existants, régionaux comme nationaux, avec une nouvelle constellation orbitale de capteurs et d’intercepteurs, dans une architecture globale appuyée par un système de gestion de combat », résume M. Peters.
Mais ce projet ambitieux a ses limites.
« Le principal inconvénient du Golden Dome réside dans son coût exorbitant et l’incertitude quant à sa fiabilité, vu sa complexité », analyse M. Heath. « Par ailleurs, la mise au point d’un tel dispositif risquerait d’attiser la course aux armements, la Chine pouvant réagir simplement en multipliant ses missiles pour saturer le système de défense. »
La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a vivement critiqué en mai l’annonce du Golden Dome par Trump, estimant que celui-ci présente « une forte implication offensive » et « alimente la course aux armements ».
Quelques jours après le défilé, le secrétaire américain à la Guerre, Pete Hegseth, et le ministre chinois de la Défense, Dong June, se sont entretenus pour la première fois.
« Les États-Unis ne recherchent pas l’affrontement avec Pékin, ni le changement de régime ou l’asphyxie de la RPC », a affirmé M. Hegseth à M. Dong le 8 septembre, selon le porte-parole en chef du Pentagone, Sean Parnell, qui utilisait l’acronyme officiel du pays, République populaire de Chine.
M. Parnell a ajouté que « les États-Unis ont des intérêts vitaux dans la zone Asie-Pacifique, un théâtre prioritaire, et entendent protéger résolument ces intérêts », tout en soulignant le caractère constructif des échanges.
Christy Lee est journaliste pour Epoch Times et couvre principalement les relations entre les États-Unis et la Chine.