Marie de Médicis et la pérennité du mécénat artistique de la famille Médicis

Le Couronnement de la reine à l'abbaye de Saint-Denis, du cycle Marie de Médicis, vers 1622-1625, par Pierre Paul Rubens. Huile sur toile. Musée du Louvre, Paris.
Photo: Domaine public
De tous les chefs-d’œuvre du Louvre, aucun n’a de place plus appropriée que les 24 tableaux glorifiant la vie et le règne de Marie de Médicis, reine de France.
Réalisée par le peintre flamand Pierre Paul Rubens, la série connue sous le nom de Cycle de Marie de Médicis (1622-1625) compte parmi les plus grandes réalisations artistiques de son époque. Achevées au moment où le Louvre était au sommet de son rayonnement en tant que résidence royale, les peintures célèbrent la reine mère sous le règne de son fils, le roi Louis XIII, alors que la France était sur le point de devenir la plus grande puissance d’Europe.
Le fait que cette œuvre monumentale de l’ère baroque ait été commandée par un membre de la famille la plus célèbre des mécènes artistiques de la Renaissance s’inscrivait dans la continuité de la tradition. Deux cents ans plus tôt, l’ancêtre de Marie, Giovanni de’ Medici, avait contribué à lancer la Renaissance en parrainant Brunelleschi et Donatello. Laurent le Magnifique, peut-être le plus important mécène de la Renaissance et le premier à avoir parrainé Michel-Ange, était son arrière-grand-oncle. Son grand-père, le grand-duc Cosimo I, était le mécène de l’éminent historien de l’art Giorgio Vasari et de son Académie des arts du dessin. Les papes Léon X et Clément VII, deux des plus importants soutiens papaux aux arts, étaient également membres de la famille Médicis.
Rubens et les Médicis

Marie rencontre Rubens pour la première fois en 1600. À l’époque, c’est un artiste en pleine ascension qui vient d’être nommé peintre de la cour du duc Vincenzo Gonzaga de Mantoue. Lorsque le duc se rendit à Florence pour assister au mariage de Marie avec Henri IV de France, Rubens l’accompagna pour étudier les trésors artistiques de la ville et fut bien évidemment présenté aux Médicis.

En 1621, l’archiduc Albert meurt tandis que Marie de Médicis commence à planifier un projet artistique suffisamment monumental pour requérir les talents du plus grand peintre de sa génération.
Quand la tragédie frappe

Pendant deux ans, Marie est restée pratiquement prisonnière jusqu’à ce qu’elle s’échappe et rejoigne une rébellion visant à chasser la cabale du pouvoir. En 1621, le chef de la cabale meurt et le roi Louis choisit le cardinal Richelieu (anciennement le ministre d’État le plus talentueux de Marie) comme son propre conseiller principal et Marie est nommée au conseil royal.
De retour à Paris, Marie se consacre à l’achèvement de ce qu’elle appelle officieusement le « Palais Médicis », c’est-à-dire le Palais du Luxembourg. Librement inspiré du Palazzo Pitti de Florence, le Luxembourg est commencé en 1615 dans le but de recréer la grandeur architecturale de la ville natale de Marie. Sa construction et son aménagement ont joué un rôle majeur dans le développement des arts parisiens.

Cycle de Marie de Médicis
Disposées dans le sens des aiguilles d’une montre et dans l’ordre chronologique, à l’origine dans une étroite galerie située juste à l’extérieur de l’appartement royal du Luxembourg, 21 des peintures illustrent les triomphes, les luttes et la lignée de Marie.


Transmission de l’héritage des Médicis

S’appuyant sur cette tradition, le gendre et la fille de Marie commandèrent des œuvres à Rubens et engagèrent son élève tout aussi brillant, Anthony van Dyck, comme peintre attitré de leur cour, inspirant ainsi la première génération de peintres anglais à se hisser au niveau de leurs pairs italiens et flamands. Il s’agissait d’une conclusion appropriée à deux siècles et demi de mécénat des Médicis.
James Baresel est un écrivain indépendant qui a contribué à des périodiques aussi variés que Fine Art Connoisseur, Military History, Claremont Review of Books et New Eastern Europe.
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