Sidérurgie : Marc Ferracci propose « d’adapter » la clause de sauvegarde européenne

Le site de Fos-sur-Mer d'ArcelorMittal, dans les Bouches-du-Rhône.
Photo: CLEMENT MAHOUDEAU/AFP via Getty Images
Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci propose « d’adapter la clause de sauvegarde » sur l’acier qui limite les importations sur le marché européen depuis 2019, afin de protéger les sidérurgistes du vieux continent d’une concurrence asiatique jugée déloyale car subventionnée.
« Trop d’acier chinois subventionné entre dans l’UE », mettant « en difficulté » les sidérurgistes européens, souligne M. Ferracci dans une interview au Figaro jeudi, accordée au retour d’un Conseil européen informel sur la compétitivité (commerce, économie et industrie, NDR) qui s’est tenu en Pologne en début de semaine.
Fin novembre, le sidérurgiste allemand ThyssenKrupp a annoncé la suppression de 11.000 emplois sur 27.000 dans sa branche aciérie et la réduction de la production de ses hauts fourneaux.
L’autre acteur majeur de l’acier en Europe, ArcelorMittal, suspendait au même moment ses vastes projets d’investissement dans la décarbonation à Dunkerque (France), l’un des plus importants hauts fourneaux d’Europe occidentale, et annonçait la fermeture de deux petits sites en France.
« Tous les sites européens d’acier sont à risque » de fermeture
« Tous les sites européens d’acier sont à risque » de fermeture en 2025, si rien n’est fait pour protéger la sidérurgie européenne, a averti le 22 janvier le président d’ArcelorMittal France Alain Le Grix de la Salle lors d’une audition devant une commission parlementaire française.
Eurofer, le lobbyiste de l’acier en Europe, cite trois problèmes « qui se renforcent l’un l’autre » : trop d’importations d’acier subventionné à bas prix en provenance d’Asie, prix de l’énergie trop élevé en Europe et baisse de la consommation intérieure européenne d’acier.
Selon M. Ferracci, la Commission européenne « doit prendre des mesures dans les prochaines semaines pour prolonger et adapter la clause de sauvegarde » sur l’acier mise en place en 2019, censée être maintenue jusqu’au 30 juin 2026.
« Aujourd’hui, celle-ci limite les importations d’acier à 15% du marché européen de 2016 », rappelle-t-il. Mais comme la consommation européenne d’acier a diminué depuis cette date, « cela équivaut en réalité à 30% du marché actuel ». Un seuil qu’il juge « trop élevé ».
« Il est nécessaire également d’adapter le mécanisme de taxe carbone aux frontières (MACF) qui doit entrer en vigueur début 2027, pour éviter les contournements », ajoute le ministre.
« Il faut appliquer aux produits importés la valeur moyenne d’émission de CO2 du pays. Sinon la Chine pourrait orienter la production décarbonée d’une filière vers l’exportation », estime M. Ferracci qui demande aussi de protéger les sidérurgistes exportateurs en leur accordant « des quotas d’émission de CO2 gratuit ».

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