Squat via Airbnb : quand des faux touristes deviennent locataires indésirables en changeant les serrures

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Photo: Crédit photo GREGOIRE CAMPIONE/AFP via Getty Images
Les vacances d’été riment souvent avec locations Airbnb. Mais certains locataires se font passer pour des touristes… avant de refuser de quitter les lieux. C’est alors le début d’un long combat judiciaire, qui peut durer des mois, voire des années.
Même si le phénomène reste marginal, les squats de locations Airbnb sont de plus en plus redoutés par les propriétaires qui choisissent cette formule. Dans ce cas, les squatteurs adoptent un mode opératoire bien rôdé, mais difficile à repérer. Après s’être fait passer pour des touristes et avoir intégré le logement, ils changent les serrures à l’insu du propriétaire. Il ne leur reste alors plus qu’à emménager et à installer leurs affaires.
« Les propriétaires se retrouvent dans des situations kafkaïennes »
« Depuis deux ans, j’ai cinq à six dossiers où les propriétaires se retrouvent dans des situations kafkaïennes », explique au Figaro Immobilier Me Xavier Demeuzoy, avocat en droit immobilier. Selon ses estimations, ce type de cas frauduleux représentent « une location sur 100.000 ».
Ces squatteurs profitent d’une faille juridique : puisqu’ils sont entrés sans effraction dans le logement, la loi française ne permet pas leur expulsion rapide au titre de la loi « anti-squats ». « Quelqu’un qui squatte un appartement via Airbnb n’est pas rentré dans le bien par voie de fait », explique au micro d’Europe 1 Théo Berthet, responsable des acquisitions chez Squat Solutions. Il précise : « Une voie de fait, qu’est-ce que c’est ? C’est une ruse, une violence physique ou verbale, ou une effraction. Il est rentré légalement. Donc, pour pouvoir demander l’expulsion rapide des squatteurs, il faut prouver cette fameuse voie de fait. Et ce n’est pas possible si les occupants n’ont pas cassé la porte. »
« Ils entrent dans les lieux totalement dans la légalité »
« Là, vous avez à faire à une personne qui dispose d’une location meublée de tourisme et qui va se maintenir dans les lieux. Elle va vouloir bénéficier de toutes les protections locales d’un locataire », précise de son côté Jonathan Bellaiche, avocat fondateur du cabinet Goldwin, sur sudradio.fr. Ces squatteurs « entrent dans les lieux totalement dans la légalité », ajoute-t-il, soulignant : « Ce n’est pas parce que vous ne faites que signer des conditions générales qu’il n’y a pas de bail. » Selon lui, ce phénomène est « plus inquiétant et plus grave que des squats car on a affaire à de véritables locataires ».
Les propriétaires victimes n’ont alors plus qu’une seule option : engager une procédure judiciaire, identique à celle utilisée contre des locataires mauvais payeurs. Celle-ci peut durer six mois dans le meilleur des cas, et plusieurs années dans le pire, sans compter son coût souvent élevé.
Quelques recommandations
Pour mieux faire face aux situations de squat, Me Demeuzoy recommande d’avoir un contrat signé entre le propriétaire et le locataire. « L’avantage du contrat, c’est qu’il permet d’obtenir rapidement une décision en référé. Les conciergeries sont à même de rédiger des contrats », plaide l’avocat. En parallèle, il est conseillé de vérifier l’identité, le profil, ou encore les avis concernant le locataire sur les plateformes de location. Capital préconise d’installer des serrures connectées et d’éviter les locations dépassant 90 jours.
En revanche, il est fortement déconseillé de tenter de se faire justice soi-même, car le propriétaire s’expose à de lourdes sanctions pénales. En effet, si le squatteur décide de porter plainte pour violation de domicile, le propriétaire risque jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende.

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