« Distorsion de concurrence » : le leader de la tomate Savéol plaide pour des droits de douane plus élevés pour les producteurs marocains

Le 18 mai 2021, à Gouesnou, dans l'ouest de la France, un maraîcher de Saveol montre des tomates
Photo: FRED TANNEAU/AFP via Getty Images.
Le président de la coopérative maraîchère de l’Ouest (marque Savéol), leader français de la tomate, a réclamé mercredi des « règles équitables » face à la « distorsion de concurrence » représentée, selon lui, par les tomates marocaines à bas prix.
« Il faut que les règles soient équitables pour que, dans la compétition, on puisse tous travailler à même niveau », a déclaré le président de Savéol Pierre-Yves Jestin, en marge d’une visite de presse.
« Un coût de main-d’œuvre qui est 14 ou 15 fois inférieur au nôtre »
« Quand on se compare à des Marocains qui ont un coût de main-d’œuvre qui est 14 ou 15 fois inférieur au nôtre, c’est clair qu’on part avec un caillou dans la chaussure. C’est bien une distorsion de concurrence », a estimé M. Jestin. Le coût de la main d’œuvre représente entre 40% et 60% du prix d’une tomate française, selon le maraîcher breton, qui plaide pour des droits de douane plus élevés pour les tomates marocaines.

Des ouvrières agricoles dans la province de Kenitra au Maroc, le 8 mars 2017. (Photo FADEL SENNA/AFP via Getty Images)
« Revoir l’accord de libre-échange entre Européens et Marocains »
Les producteurs français reprochent aux tomates marocaines d’être en partie exemptées de droits de douane en vertu d’un accord de libre-échange avec l’UE.
« Ce qu’on demande, c’est de revoir la façon dont a été appréciée cet accord de libre-échange entre les Européens et les Marocains, pour faire en sorte de protéger les intérêts économiques de la France et de l’Europe », a ajouté M. Jestin. Cela ne « mettrait pas complètement à mal la filière marocaine, parce qu’ils auront de toute façon toujours la production de tomates en hiver, sur laquelle les Français ne pourront jamais être compétitifs », a-t-il avancé.
En 2024, Savéol a produit 74.000 tonnes de tomates et 3000 tonnes de fraises pour un chiffre d’affaires de 238 millions d’euros, en hausse de 1,7% sur un an. Les volumes produits ont été moins forts que prévu, du fait d’un « manque de rendement du début de saison » 2024, selon M. Jestin.
« Cette année, la saison est plutôt de meilleur augure parce qu’on a une météo qui est super, et qui fera des beaux rendements, normalement, d’ici à fin mai », a-t-il prédit, prévoyant une production de tomates d’environ 77.000 tonnes en 2025.
Des insectes élevés sous serre
La coopérative, qui emploie 2500 personnes, produit l’essentiel de ses tomates « sans pesticides », ces derniers étant remplacés par des insectes élevés sous serre. Dans sa « ferme aux insectes » de Guipavas, près de Brest, Savéol élève ainsi chaque année 250 à 300 millions de punaises et de guêpes afin de lutter contre les ravageurs.

Cette photographie montre un Macrolophus, un insecte hétéroptère, sur une feuille de tabac à l’insect farm de Saveol à Guipavas, en Bretagne, le 2 avril 2025. La coopérative, qui emploie 2 500 personnes, produit la plupart de ses tomates « sans pesticides », ces derniers étant remplacés par des insectes élevés sous serre. (Photo FRED TANNEAU/AFP via Getty Images)

Articles actuels de l’auteur









