Vénissieux : la préfète boycotte l’inauguration d’un centre portant le nom d’Annie Steiner, ex-militante du FLN

Fabienne BUCCIO, préfète du Rhône et de la région Auvergne Rhône-Alpes.
Photo: ALBIN BONNARD/Hans Lucas/AFP via Getty Images
L’État a boycotté mardi l’inauguration d’un centre culturel et social dans un quartier prioritaire de Vénissieux, près de Lyon, protestant contre la décision de la mairie de le baptiser du nom d’une militante du FLN algérien.
Cet équipement, dans le quartier des Minguettes, porte le nom d’Annie Steiner, militante anticolonialiste ayant rejoint le Front de Libération Nationale (FLN) durant la guerre d’Algérie (1954-1962) qui a conduit à l’indépendance.
Elle avait été condamnée par un tribunal militaire français à 5 ans de prison en 1957 pour avoir porté des messages et des consignes aux combattants du FLN. Annie Steiner faisait partie du « réseau bombes » au sein du FLN, d’après le JDD. Elle a d’ailleurs admis avoir apporté son aide à des combattants dans la fabrication de bombes qui ont causé de nombreuses victimes civiles.
« Un choix (…) de nature à diviser nos concitoyens »
« L’État désapprouve » le choix de donner son nom à la nouvelle infrastructure, et « aucun représentant de l’État n’assistera » à l’inauguration, écrivait avant la cérémonie la préfète du Rhône Fabienne Buccio dans un communiqué.
« Ce choix extrêmement contestable de valoriser le nom d’une Française militante du FLN, complice, à l’époque, de la lutte armée, est de nature à diviser nos concitoyens », avance-t-elle à propos de ce vaste bâtiment financé à hauteur de 1,7 million d’euros par l’État, dans un quartier classé prioritaire au titre de la politique de la ville (QPV).
Conçu pour la jeunesse, il comprend notamment une bibliothèque, une salle de quartier et des espaces de jeux et de sport.
« La mémoire de la guerre d’Algérie, (…) elle est multiple »
Le nom d’Annie Steiner, qui avait pris la nationalité algérienne, décédée en 2021 après avoir passé le reste de sa vie en Algérie, a été choisi en Conseil municipal de Vénissieux il y a moins d’un un an.
« C’est un choix politique assumé, réfléchi et responsable, il va avec l’Histoire de la ville qui a un passé anticolonialiste », a expliqué à l’AFP la maire communiste Michèle Picard.
« Nous travaillons depuis des années pour une mémoire apaisée » et « on ne transmet pas que ce que l’on veut », martèle l’édile, ajoutant : « Nous privilégions d’abord les femmes », puis celle-ci « parce qu’elle avait pris toute sa vie un engagement contre l’exploitation d’un peuple par un autre et pour la souveraineté des peuples ».
« La mémoire de la guerre d’Algérie, c’est celle des combattants du FLN, celle des militaires français, des harkis, des pieds-noirs, elle est multiple. Notre ville vit avec des enfants et petits enfants de combattants du FLN aussi, il faut que l’Histoire soit apaisée des deux côtés de la Méditerranée », conclut la maire.

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