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La visite d’un haut responsable chinois en Corée du Nord témoigne d’un renforcement des liens

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Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un (2e à dr.), le secrétaire général du Parti communiste vietnamien To Lam (à dr.) et le Premier ministre chinois Li Qiang (3e à dr.) assistent à un événement marquant le 80e anniversaire de la fondation du Parti du travail de Corée du Nord à Pyongyang, le 9 octobre 2025.

Photo: Yekaterina Shtukina/POOL/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 12 Min.

Le Premier ministre chinois Li Qiang a assisté au grand défilé militaire nocturne organisé à Pyongyang le 10 octobre, à l’occasion du 80e anniversaire du Parti du travail de Corée du Nord, au pouvoir, en signe de renforcement des liens entre Pékin et Pyongyang.
Li Qiang était assis au premier rang, aux côtés du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, lors du défilé qui a mis en avant le nouveau missile balistique intercontinental (ICBM) Hwasong-20, que le régime a qualifié de « système d’armes stratégiques nucléaires le plus puissant », selon l’agence de presse officielle KCNA.
Ce défilé militaire intervient environ un mois après la participation de Kim au grand défilé militaire organisé à Pékin, où le missile DF-61, capable de transporter plusieurs ogives nucléaires, a été dévoilé. Cet événement commémorait l’anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Lors de cet événement, Kim Jong Un s’est tenu côte à côte avec le dirigeant chinois Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine.
La Russie a envoyé l’ancien président Dmitri Medvedev au défilé de Pyongyang, qui s’est tenu sur la place Kim Il Sung. Le dirigeant vietnamien To Lam y a également assisté, observant le défilé aux côtés de Kim, selon des images publiées par la KCNA.
La visite de Li Qiang en Corée du Nord est la première d’un haut responsable chinois dans le pays depuis 2019. En tant que membre du Comité permanent du Politburo — l’organe regroupant les plus hauts dirigeants du Parti communiste chinois (PCC) — il est le deuxième plus haut responsable après le chef du Parti, Xi Jinping.
Bruce Klingner, chercheur principal à la Mansfield Foundation, a expliqué à Epoch Times que la visite de Li Qiang à Pyongyang, après celle de Kim à Pékin, constitue « un nouveau signe de renforcement des relations entre la Chine et la Corée du Nord ».
« Les relations entre la Chine et la Corée du Nord ont été affectées par le rapprochement entre la Corée du Nord et la Russie, notamment par l’aide militaire importante que Pyongyang a fournie à Moscou en échange de nourriture, de carburant, de financements et de certaines technologies militaires. »
La Chine « est probablement un peu inquiète de voir les relations entre la Russie et la Corée du Nord devenir trop étroites », et « souhaite entretenir une relation avec la Corée du Nord qui lui permette d’exercer une influence sur Pyongyang, dans la mesure du possible », a-t-il précisé.
La Chine, comme la Corée du Nord, est accusée d’aider la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine.
Pékin soutient le complexe militaro-industriel russe en fournissant des biens à double usage et en achetant du pétrole et du gaz russes, ce qui permet de maintenir l’économie de guerre de Moscou. La Chine fournirait également des renseignements satellitaires pour assister les frappes de missiles russes.
La Corée du Nord, de son côté, fournit régulièrement des munitions et a envoyé des soldats en Russie. Elle aurait livré jusqu’à 5,8 millions de munitions individuelles, selon un rapport publié en avril par le Centre Open Source.
En avril, l’agence KCNA a confirmé pour la première fois que la Corée du Nord avait envoyé des troupes en Russie. Le régime nord-coréen aurait déployé plus de 14.000 soldats, selon les estimations des services de renseignement sud-coréens, ukrainiens et américains.
John Erath, directeur des politiques au Centre pour le contrôle des armements et la non-prolifération, a indiqué à Epoch Times que « la Chine recherche des partenaires dans sa compétition stratégique avec les États-Unis ».
« La Chine veut devenir un leader régional et inciter davantage de gouvernements à s’aligner sur son modèle de contrôle étatique de l’information », a-t-il ajouté.
La Chine et la Corée du Nord exercent toutes deux un contrôle strict de l’information et pratiquent une surveillance étroite et omniprésente de leurs populations.

Des écoliers marchent sous les caméras de surveillance à Akto, dans la région du Xinjiang, en Chine, le 4 juin 2019. (Greg Baker/AFP via Getty Images)

Li Qiang a rencontré Kim Jong Un dès son arrivée à Pyongyang, jeudi. Lors de cette rencontre, il a déclaré : « L’amitié entre la Chine et la RPDC entre dans un nouveau chapitre de développement des relations », a rapporté la KCNA. Le nom officiel de la Corée du Nord est République populaire démocratique de Corée (RPDC).
Kim a répondu que la Corée du Nord « promouvrait un développement plus vigoureux des relations RPDC-Chine dans la lutte commune pour l’accomplissement de la cause socialiste ».
Le Parti communiste chinois continue d’affirmer qu’il dirige une société socialiste, tandis que son chef, Xi Jinping, parle du « socialisme à caractéristiques chinoises de la nouvelle ère ». La Constitution de la Corée du Nord stipule également qu’il s’agit d’un État socialiste.
Le 10 octobre, Xi Jinping a envoyé à Kim une lettre dans laquelle il écrivait que « la Chine est prête à travailler avec la RPDC » pour approfondir leur coopération « au service des causes socialistes des deux pays ».
Xi Jinping a également affirmé : « Quelle que soit l’évolution de la situation internationale, la politique du PCC et du gouvernement chinois de maintenir, consolider et développer les relations entre la Chine et la RPDC reste inébranlable. »
Lors de son déplacement à Pyongyang, Dmitri Medvedev, proche de Vladimir Poutine, a écrit sur le réseau social russe VKontakte que Pyongyang et Moscou sont « unis dans leurs efforts pour contrer les menaces occidentales et construire un ordre mondial véritablement juste », selon l’agence de presse russe Tass.
Medvedev a rencontré Kim samedi, promettant de « renforcer la coopération » et échangeant des vues sur les situations internationales et régionales, d’après la KCNA.
Bruce Klingner, de la Mansfield Foundation, a souligné que, pour les trois pays, la formation d’un partenariat trilatéral et l’établissement de liens étroits représentaient « une manière de riposter contre les États-Unis et leurs alliés » dans la région, notamment la Corée du Sud et le Japon.
« La Chine n’apprécie pas que les États-Unis accordent une priorité accrue à la région indopacifique », a-t-il expliqué. Avec la Russie, elle aide Pyongyang à s’associer à leurs démarches contre les États-Unis.
« C’est l’aide que la Russie apporte à la Corée du Nord, ainsi que le commerce continu de la Chine avec la Corée du Nord, qui sapent l’efficacité des sanctions internationales contre Pyongyang », a-t-il précisé.

Une tour de guet à la frontière, dans le village nord-coréen de Hyesan, vue depuis Changbai, dans la province chinoise du Jilin, au nord-est du pays. (Pedro Pardo/AFP via Getty Images)

La Chine constitue le principal soutien économique de la Corée du Nord depuis l’imposition, par les Nations unies, de sanctions à l’encontre du régime en 2006, après son premier essai nucléaire. Pékin est également le plus grand partenaire commercial du pays. Selon un rapport de la Korea Trade Promotion Agency (KOTRA) publié en juillet, la Chine représentait 98 % du commerce extérieur total de la Corée du Nord en 2024.
La Chine et la Corée du Nord ont rouvert, le mois dernier, une route terrestre transfrontalière, a annoncé vendredi le service postal d’État chinois. Cette route relie la ville chinoise de Dandong à la ville frontalière nord-coréenne de Sinuiju. Elle avait été fermée début 2020 en raison de la pandémie de COVID-19.
La Chine et la Russie ont toutes deux utilisé leur droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU en 2024 pour bloquer le renouvellement du mandat du panel d’experts chargé de surveiller les sanctions imposées à la Corée du Nord.
Malgré le renforcement des liens entre la Chine et la Corée du Nord et leur opposition commune aux États-Unis, John Erath pense que leurs relations se basent surtout sur la convenance mutuelle.
« L’une des questions stratégiques clés à l’avenir sera de savoir comment la Chine et les États-Unis vont gérer leur compétition », estime-t-il, précisant que cela pourrait avoir un impact sur les relations de Pékin avec la Corée du Nord ainsi qu’avec la Russie.
Donald Trump a annoncé vendredi, sur Truth Social, que des tarifs douaniers supplémentaires de 100 % seraient appliqués à tous les produits en provenance de Chine, en plus des niveaux actuels, à partir de novembre. Le niveau actuel des droits de douane sur la majorité des produits chinois est de 30 %, et des négociations en vue d’un accord commercial permanent sont en cours. Le président américain a également déclaré que les États-Unis imposeraient des contrôles à l’exportation « sur tous les logiciels critiques ».
Cette annonce est intervenue après que Pékin a imposé, le 9 octobre, des restrictions à l’exportation de terres rares, essentielles à la fabrication de produits électroniques.
Donald Trump devait rencontrer Xi Jinping lors d’un sommet de l’APEC en Corée du Sud à la fin du mois d’octobre, mais il a déclaré sur Truth Social, le 10 octobre, qu’« il ne semble y avoir aucune raison de le faire ».
 
Christy Lee est journaliste pour Epoch Times et couvre principalement les relations entre les États-Unis et la Chine.

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