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plus-iconNouveau plan quinquennal du PCC

Le nouveau plan quinquennal du PCC dessine une économie de temps de guerre, selon des analystes

L’économie fondée sur l’exportation et la dépendance technologique de la Chine vis à vis de l’Occident entrent en contradiction avec la diplomatie de « grand pays » revendiquée par le régime, estiment des analystes.

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Un policier paramilitaire chinois monte la garde devant le Grand Hall du peuple à Pékin, le 26 février 2025.

Photo: Pedro Pardo/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 9 Min.

Le plan quinquennal dévoilé récemment par Pékin viserait à mettre l’économie sur un pied de guerre, selon des spécialistes de la Chine, qui jugent que le régime communiste se prépare à un blocus technologique prolongé ou à un conflit avec les États‑Unis. D’autres observateurs estiment toutefois que ce plan ne fait que prolonger des orientations antérieures.
Les plans quinquennaux sont un instrument emblématique des économies planifiées, utilisé par l’ex‑Union soviétique et d’autres États socialistes, dont la Chine communiste.
Selon le communiqué officiel du 24 octobre, le plan quinquennal ambitionne de « bâtir un système industriel modernisé et de consolider les fondations de l’économie réelle » et de « parvenir à une plus grande autonomie et puissance en science et technologie ». Ces objectifs s’accompagnent d’un volet « expansion de la demande intérieure » et « amélioration du niveau de vie ».
La modernisation industrielle et l’indépendance technologique sont au cœur de la stratégie du régime pour renforcer sa position face aux États‑Unis.
Le document montre que « le PCC procède à des ajustements structurels pour se préparer à une future guerre technologique sino‑américaine ou à un blocus technologique prolongé », analyse Sun Kuo‑hsiang, professeur de relations internationales et d’affaires à l’université Nanhua (Taïwan).
« En interne, il privilégie l’économie réelle et l’autonomie technologique comme socle matériel de la sécurité nationale. À l’externe, il vise à contrer les blocages occidentaux des chaînes d’approvisionnement par la demande domestique et l’innovation indépendante », explique‑t‑il à Epoch Times.
Les orientations économiques et autres priorités pour les cinq prochaines années ont été annoncées à l’issue de la plus haute réunion politique du Parti communiste, connue sous le nom de Quatrième plénum.
Le communiqué martèle l’objectif de « développement de haute qualité » dans l’esquisse du plan, sans préciser de cible de croissance. L’économie chinoise reste atone depuis l’imposition par le PCC de confinements stricts pendant la pandémie de Covid‑19.
Selon des données officielles publiées le 20 octobre, l’économie chinoise a officiellement progressé de 4,8 % sur un an au troisième trimestre, contre 5,2 % au deuxième trimestre, soit son plus faible rythme en un an. Nombre d’économistes internationaux mettent toutefois en doute la fiabilité des chiffres du PCC.
Bien que le Parti promette de « relever le niveau de vie tout en dynamisant la consommation », le texte ne détaille ni les instruments ni les financements envisagés.
Sur le plan de la sécurité nationale et de la politique étrangère, le communiqué réaffirme la volonté de « moderniser la défense nationale et l’armée » et de mener une « diplomatie de grand pays », tout en soulignant la nécessité de « renforcer la préparation au combat ».
Comme à l’accoutumée, il rend hommage à la théorie communiste de la lutte des classes entre oppresseurs et opprimés, appelant les cadres à « faire preuve du courage et de la compétence nécessaires pour porter notre lutte, et oser affronter vents violents, eaux houleuses et tempêtes dangereuses ».
Le 15e plan quinquennal complet du PCC sera présenté lors de l’Assemblée nationale populaire en mars 2026.

Ordre économique de guerre

L’ordre de priorités du 15e plan quinquennal s’apparente à « un ordre économique de temps de guerre », estime Sun Kuo‑hsiang.
Placer « l’autonomie scientifique et technologique » avant l’expansion de la demande intérieure révèle que le PCC considère désormais la science et la technologie comme une question de sécurité, non plus d’économie, dit‑il. « La science et la technologie ne relèvent plus de l’innovation libre, elles ont été intégrées au système de sécurité nationale, sous pilotage étatique. »
« Ce plan consacre la primauté de l’État sur le marché », ajoute‑t‑il.
Le déclin de la classe moyenne après la pandémie a affaibli la consommation intérieure, qui reste aujourd’hui la principale inquiétude, observe Wang He, analyste des affaires chinoises basé aux États‑Unis. « Mais le plan demeure centré sur l’industrie. Ce n’est pas un choix économique, c’est un choix stratégique et politique, pensé en particulier pour la guerre », avance‑t‑il.
L’industrie manufacturière chinoise souffre déjà d’une surcapacité aiguë, note M. Wang, et pourtant le PCC continue d’en faire le pivot.
« Si une guerre éclate entre la Chine et les États‑Unis, par exemple un conflit naval, la capacité de construction navale chinoise est cent fois supérieure à celle des États‑Unis. L’arsenal et l’industrie d’armement du PCC affichent plus du double de la capacité américaine », affirme‑t‑il. « Les considérations politiques l’emportent sur les considérations économiques, entraînant une distorsion marquée des politiques et des investissements, à rebours d’une trajectoire normale. »

Un navire de la marine chinoise portant le numéro 525 passe à toute vitesse devant un navire chinois, vu depuis le navire de la marine philippine Andres Bonifacio, près de l’île de Thitu occupée par les Philippines, lors d’une patrouille maritime dans la mer de Chine méridionale contestée, le 6 juin 2025. (Ted Aljibe/AFP via Getty Images)

Failles du plan quinquennal

L’industrie manufacturière représente environ 27 % du PIB chinois. Les exportations manufacturières constituent plus de 90 % des exportations totales du pays.
« L’appareil manufacturier chinois dépend fortement du marché international », souligne Wang.
« Or, dans le contexte de la diplomatie du guerrier loup et de la posture de “grand pays”, l’affrontement avec l’Occident conduit inévitablement à un découplage économique, ce qui constitue la faille la plus mortelle de ce 15e plan quinquennal », poursuit‑il.
Les tensions commerciales sino‑américaines sont passées de méthodes feutrées à des mesures frontales. Le 9 octobre, le PCC a annoncé l’extension de ses contrôles à l’exportation sur les terres rares, et l’administration Trump a riposté le 10 octobre en imposant un droit additionnel de 100 % sur des biens importés de Chine. Le 20 octobre, le président Trump a averti que, faute d’accord, le total des droits américains grimperait à 155 % sur les produits chinois à compter du 1er novembre.

Un porte-conteneurs est assisté par un remorqueur à son arrivée au port d’Oakland le 10 octobre 2025. (Justin Sullivan/Getty Images)

Avec une demande intérieure insuffisante, l’énorme capacité de production de la Chine repose sur la demande étrangère pour soutenir l’industrie, insiste M. Wang.
Pour rivaliser avec les États‑Unis, « la Chine doit bâtir un système industriel et un système scientifique et technologique véritablement indépendants », dit‑il.
Mais sans échanges soutenus en matière scientifique, technologique et éducative avec l’extérieur, « il est impossible pour la Chine de développer seule la science et la technologie », ajoute‑t‑il.

Un employé inspecte des puces semi-conductrices dans une usine de Binzhou, dans la province du Shandong, en Chine, le 15 janvier 2025. Les États-Unis ont cherché à restreindre l’accès de la Chine aux semi-conducteurs de pointe, avertissant qu’ils pourraient renforcer les systèmes militaires et de surveillance du pays communiste. (STR/AFP via Getty Images)

Rien de fondamentalement neuf dans le communiqué et, de manière générale, les défis politiques internes — rivalités de pouvoir et mouvements de cadres — restent centraux, observe Wu Se‑Chih, chercheur à la Cross‑Strait Policy Association (Taïwan, Association pour la politique du détroit transversal), interrogé par Epoch Times.
L’esquisse reflète surtout les préoccupations économiques immédiates du PCC, selon lui.
« Le PCC met l’accent sur l’avancement des politiques macroéconomiques et sur le traitement, par le haut, des problèmes locaux soulevés par les dettes massives des administrations », explique‑t‑il.
Dans l’ornière actuelle du développement, « l’axe majeur est la stabilisation de l’emploi, liée à la consommation domestique. Un choc sur l’emploi engendrerait des troubles sociaux », conclut M. Wu.
Luo Ya et Li Jing ont contribué à cet article.