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Pékin jugé peu susceptible d’annexer Taïwan par la force à court terme après le 4e plénum, selon des analystes

La mise à l’écart de généraux lors du 4e plénum affectera l’efficacité militaire du régime, mais l’objectif de long terme d’annexer Taïwan demeure inchangé, estiment des experts.

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Des forces taïwanaises lors de manœuvres à tirs réels pendant le plus grand exercice militaire annuel, présidé par la présidente Tsai Ing wen, le 25 mai 2017.

Photo: Sam Yeh/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 9 Min.

Le Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir a adopté un ton plus mesuré sur l’annexion de Taïwan après avoir officiellement évincé plusieurs généraux clés du théâtre du détroit de Taïwan à l’issue de sa récente grand‑messe politique, le 4e plénum.
Selon des analystes, le PCC est peu susceptible d’envahir Taïwan à brève échéance, au vu du chaos interne provoqué par des luttes intestines, mais l’objectif de long terme d’annexer l’île autonome demeure.
Le communiqué officiel du 4e plénum du PCC, publié le 24 octobre par les médias d’État chinois, affirme que, dans le 15e plan quinquennal (2026‑2030), l’objectif concernant Taïwan est de « promouvoir le développement pacifique des relations de part et d’autre du détroit de Taïwan et de faire avancer la cause de la réunification nationale ».
Contrairement aux précédents discours et déclarations officiels sur Taïwan, le plan ne manifeste ni urgence ni calendrier pour la « réunification », et ne précise pas — ni ne laisse entendre — que le PCC n’exclut pas l’usage de la force.
Lors du 4e plénum, qui s’est tenu du 20 au 23 octobre, le PCC a annoncé l’exclusion de neuf généraux des rangs du Parti et de l’Armée, à la suite de l’annonce, le 17 octobre, par le ministère de la Défense, de l’ouverture d’une enquête visant ces officiers.
Ces généraux comptaient parmi les figures clés d’une éventuelle invasion de Taïwan. Parmi eux, He Weidong, Miao Hua, Lin Xiangyang, Qin Shutong et Wang Xiubin ont tous servi au 31e groupe d’armées, basé à Xiamen, dans la province du Fujian, en face de Taïwan.
Le 31e groupe d’armées a été réorganisé en 2017 pour devenir le 73e groupe d’armées, relevant du commandement de théâtre Est de l’Armée populaire de libération (APL), responsable des opérations dans le détroit de Taïwan. He Hongjun, Yuan Huazhi et Wang Houbin furent d’anciens subordonnés de Miao Hua, et Wang Chunning a également servi au commandement de théâtre Est. La base politique de Xi Jinping se trouve au Fujian, et le 31e groupe d’armées était considéré comme « l’armée de la famille Xi ».
Xi affirme que la « réunification » avec Taïwan est « inévitable », et le PCC n’a jamais exclu la possibilité d’une invasion militaire. La prise de Taïwan constitue l’une des grandes ambitions de Xi, qui y verrait l’assise de son héritage et de son pouvoir au sein du Parti.
Yeh Yao‑Yuan, professeur de science politique et d’études internationales à l’université de St. Thomas, estime que l’adoucissement du ton sur la « réunification » avec Taïwan dans le communiqué du 4e plénum « pourrait être lié à la prochaine rencontre de Xi Jinping avec le président américain [Donald] Trump ».
La Maison‑Blanche a confirmé que M. Trump rencontrera M. Xi le 30 octobre, en marge du sommet de la Coopération économique Asie‑Pacifique, en Corée du Sud.
Le PCC ne souhaite rien dire qui irrite les États‑Unis sur la sécurité du détroit de Taïwan avant cette rencontre, a indiqué M. Yeh à The Epoch Times.
Cette rhétorique « n’est que le PCC choisissant quoi dire et à quel moment », ajoute‑t‑il. « Le PCC n’abandonnera pas l’idée d’annexer Taïwan par la force. »
Le régime chinois a intensifié ces dernières années ses exercices militaires autour de Taïwan et ses incursions dans l’espace aérien de l’île.
De 2022 à 2025, l’ampleur des exercices du PCC contre Taïwan a diminué et « ils semblent avoir évité l’usage de munitions réelles », observe Shen Ming‑shih, chercheur à la division de recherche sur la sécurité nationale de l’Institut taïwanais pour la défense nationale et la sécurité. « En particulier, les manœuvres d’avril relevaient surtout de la propagande et manquaient d’efficacité de combat. Il est désormais avéré que ni He Weidong ni Lin Xiangyang n’étaient aux commandes », a‑t‑il déclaré à Epoch Times.
Lai Rongwei, chercheur taïwanais en relations internationales et directeur général de l’ONG pro‑démocratie Taiwan Inspirational Association, souligne qu’il reste à déterminer si Xi a repris totalement la main sur l’appareil militaire après le 4e plénum, « ce qui constitue une grande inconnue ».

Un hélicoptère militaire chinois survole des touristes sur un belvédère dominant le détroit de Taïwan, sur l’île de Pingtan, point le plus proche de Taïwan, dans la province du Fujian, le 7 avril 2023. (Greg Baker/AFP via Getty Images)

« À court terme, les remaniements de personnel dans l’armée affecteront effectivement la volonté du PCC d’employer la force contre Taïwan, mais son objectif de long terme d’annexer l’île reste inchangé », note M. Lai. « Une fois les effectifs stabilisés, le PCC renforcera ses capacités militaires globales pour perturber le détroit de Taïwan. Je pense qu’il poursuivra [l’annexion militaire de Taïwan]. »

La « Journée de la rétrocession de Taïwan »

Le 24 octobre, le Congrès national du peuple a désigné le 25 octobre comme « Journée commémorative du retour de Taïwan », et le PCC a organisé une cérémonie de haut niveau pour célébrer ce jour — une première. À Taïwan, cette date est connue comme la « Journée de la rétrocession de Taïwan ».
La République de Chine (RDC) a gouverné la Chine continentale de 1911 à 1949. Après la Seconde Guerre mondiale, Taïwan, occupée par le Japon de 1895 à 1945, a été restituée à la RDC ; le transfert formel a été achevé le 25 octobre 1945. Battu par les communistes sur le continent en 1949, le gouvernement de la RDC s’est replié à Taïwan. Le PCC a ensuite instauré le régime communiste — la République populaire de Chine (RPC) — sur le continent. La RPC n’a jamais administré Taïwan, dont le nom officiel reste République de Chine, comme l’attestent les passeports de ses citoyens.
Les troupes de la RDC ont constitué la principale force combattante face à l’invasion japonaise durant la Seconde Guerre mondiale.

Des élèves de l’Académie militaire de la République de Chine (RDC) défilent lors du centenaire de l’institution à Kaohsiung, Taïwan, le 16 juin 2024. (Sam Yeh/AFP via Getty Images)

Le Conseil des affaires continentales de la République de Chine a aussitôt fustigé la désignation par le PCC de cette « Journée commémorative du retour de Taïwan » comme une tentative de « rabaisser notre pays et de fabriquer l’affirmation selon laquelle Taïwan appartiendrait à la RPC ».
« La Journée de la rétrocession de Taïwan n’a rien à voir avec la RPC, ni avec le PCC, qui n’a apporté aucune contribution positive à la guerre contre le Japon », a déclaré le Conseil le 24 octobre.
Le Conseil a ajouté que les Taïwanais « n’accepteront jamais » une telle manœuvre, ni le récit historique fallacieux du PCC et son cadre politique unilatéral d’« une seule Chine de part et d’autre du détroit » et « d’une seule Chine au plan international ».
Le PCC use aussi d’une formule ambiguë — « Taïwan a été libérée par la Chine [de l’occupation japonaise] » — pour amener délibérément à croire que la RPC aurait libéré Taïwan, relève M. Yeh.
« C’est une forme de guerre cognitive », dit‑il. « Le PCC continue, en Chine continentale, de promouvoir le récit selon lequel le détroit de Taïwan deviendrait une mer intérieure chinoise. »
De tels récits « peuvent tromper des continentaux peu familiers de l’histoire [en raison de manuels du PCC qui la déforment], ainsi que des étrangers, mais ils sont inopérants auprès des Taïwanais », conclut M. Yeh.
Cheng Wen, Luo Ya et Yi Ru ont contribué à cet article.